Le Monde de Pier Luigi Loro Piana

La douceur tient à un fil…

Si la douceur semble parfois déserter le quotidien et le monde contemporain, elle n’est pas prête de disparaître. Elle est encore l’objet d’une recherche, voire d’une obsession. Ceux qui ont goûté par exemple à l’incomparable sensation de bien-être que produit le contact du plus fin des cachemires directement sur la peau, savent ce que signifie le mot douceur. Pier Luigi Loro Piana a fait de cette douceur-là la quête d’une vie.

Pier Luigi Loro Piana retrouve l’or des Andes

Né dans une famille d’industriels italiens du textile depuis six générations, marquée par le sens de l’innovation et le goût pour l’excellence, il a repris les rennes de la firme avec son frère Sergio dans les années 70.
Ensemble, ils développent en plus des fibres fines, des laines extrafines, le cachemire, pour découvrir vingt ans plus tard que dans la pampa andine se déroule un drame : la vigogne, sorte de petit alpaga sauvage au museau fin et aux longues pattes, dispersé sur les hauts plateaux froids et désertiques des Andes, entre 3500 et 5800 mètres d’altitude, est en train de disparaître ! Ce frêle herbivore, sans défenses lorsqu’éclate un orage, n’a aucun abri : il se couche alors en étirant son cou au ras du sol. Son unique protection est sur son poitrail : de longs poils blancs presqu’aussi fins que la soie, pouvant mesurer jusqu’à 30 centimètres de long : l’or andin ! Pour sauver l’animal en voie d’extinction, abattu pour sa toison, Pier Luigi déploie toutes ses forces et engage le gouvernement du Pérou dans une opération sans précédent de sauvetage de l’espèce. Il soutient les paysans pour que ceux-ci les relâchent après la tonte, crée une réserve de 2000 hectares dans la pampa et réintroduit la vigogne sur le marché international.

Pier Luigi Loro Piana n’a de cesse de parcourir le monde pour découvrir les matières premières les plus rares.

En 2013, en Argentine cette fois, il rachète la majorité des parts d’une société autorisée à tondre les vigognes qui vivent en liberté sur un territoire de 85 000 hectares. Sauver la douceur nécessite un engagement total !
Il n’a pas de temps à perdre et pourtant il sait que sans le prendre, on ne peut construire. Du Pérou à l’Argentine en passant par la Chine, la Mongolie, l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou le Myanmar, partout où se cache un petit coin de douceur, on a des chances de trouver cet infatigable voyageur qui ne lâche jamais le fil de sa passion. Imaginez la steppe mongole autour d’Oulan Bator. Chaque année, les cavaliers mongols parcourent d’immenses distances à cheval pour échanger leur ballots de laine contre du cash. Le premier arrivé sera le mieux servi. Les frères Loro Piana ont instauré un rituel : tous les ans, ils équipent un convoi de jeeps pour partir à la rencontre des cavaliers, au coeur de la steppe, à cinq cent kilomètres de la capitale. En vertu des relations cordiales qu’ils ont tissé avec le gouvernement de la Mongolie, les Loro Piana ont été les premiers étrangers à pouvoir installer dans ce pays une usine à capitaux entièrement étrangers : Loro Piana Mongolia Ltd y récupère l’offre de cachemire dans son berceau d’origine, trie sur place la matière première puis envoie les fibres fines en Italie. La patience est d’or, pour produire le Baby Cashmere, par exemple. Un petit chevreau ne donnera dans toute sa vie qu’une minuscule touffe de poils de trente grammes prélevée lors de sa première année de vie. Et il a fallu force de persuasion pour convaincre les bergers, au fin fond du monde, de ne prélever que le minimum ! Le nec plus ultra ! Pas plus, pas moins. Trente grammes, dévolus à l’infinie douceur de ce coté-ci du monde.

Et du coté de la Nouvelle Zélande, Loro Piana a engagé un travail de sélection des meilleurs animaux de la race Mérinos.
Après avoir lancé un concours annuel de la laine la plus fine (moins de douze microns), et battant des records de finesse au World Record Bale, la marque a pu transformer cette matière en tissus exclusifs fabriqués en série limitée. Le fin du fin.
Lorsque l’homme ne saute pas d’un avion à l’autre ou ne navigue pas sur son sloop, il teste sur les pistes de ski les nouvelles matières mises au point: comme le Storm System, un traitement breveté de fibres naturelles rendant imperméable et respirante l’association de cachemire et laine ou de cachemire et soie.