25 mars 2016
Le Monde d’Asya Kozina
Les cocotes en papier d’Asie Kozina.
Du bout de leur fragilité, les cocotes en papier d’Asya Kozina cancanent, chuchotent à nos oreilles et renvoient l’écho éphémère d’une mode, vouée à s’évanouir en fumée. Mais dans l’extraordinaire acceptation qu’impose le papier, le vêtement, les formes créés n’en sont que plus présents et imposent leur présence par l’implacable perfection de leur coupe. L’art du vêtement poussé à son essence même : sur mesure, pour l’usure et la dissolution, dans la grâce de l’instant.
L’art d’Asya Kosina, c’est aussi à travers ses perruques baroques, ses robes de mariées, ses costumes mongols,
ses masques de carnaval de Venise, des univers de luxe, d’ élégance révolue, ressuscités par magie dans l’extraordinaire précision du coup de cutter qui semble soudain insuffler la vie. Comme si la forme recréée avait le pouvoir de rappeler l’âme. Magicienne, Asya est née en 1984 au bord du Dniepr, à Dnipropetrovsk, grande ville industrielle d’Ukraine dominée par l’architecture stalinienne où, après un diplôme d’une école d’art, une bourse de la Fondation Viktor Pinchuk, influent homme d’affaires et politicien philanthrope, lui a permis de se propulser sur la scène artistique. Lauréate du Prix de l’Ukrainian Art Week en 2010, elle vit et travaille depuis, en Russie, à Saint Pétersbourg.
Sa première exposition personnelle en Ukraine en 2007, s’intitulait « une passion pour le blanc »,
inaugurant une dizaine de thèmes différents inspirés par l’histoire et réalisés en papier blanc. Son dernier projet, « Baroque paper wigs » illustre à merveille sa fascination pour les perruques de l’époque baroque.
« Le Papier, dit-elle, aide à mettre en évidence la principale forme et à ne pas être obsédé par les détails inutiles. C’est de l’art pour l’art, de l’esthétique pour l’esthétique, il n’y aucune finalité pratique derrière. »
Mais son inspiration plonge aussi ses racines dans l’histoire de l’Ukraine et de la Russie, jusqu’à la Sibérie et la culture chamanique des autochtones qui peuplent son imaginaire. Là, les femmes sont les prêtresses d’un monde où elles apprivoisent les esprits. Un peu comme Asya avec ses cocottes.