30 Novembre 2012
Andaz Amsterdam Prinsengracht
Marie Le Fort
L’ego de Marcel Wanders le précède bien souvent. Un Je(u) qu’il maitrise et dégaine souvent à brûle pourpoint… Et pourtant, quand on laisse le profil noble et étriqué des canaux d’Amsterdam derrière soi, pour pénétrer dans l’hôtel via un petit couloir d’origine, on est saisit par l’échelle humaine – et humaniste ? – des intérieurs. Précipité vers un atrium central baigné de lumière naturelle, on débouche sur une mise en scène théâtrale qui convoque un temps parallèle, et invoque, déjà, les chapitres à la fois sombres et glorieux des conquêtes néerlandaises mues par les grandes routes commerciales et batailles navales.
Jouant sur la richesse des motifs et la profondeur du bleu de la porcelaine de Delft, une immense fresque – parfaitement démoniaque puisqu’elle représente le monde à la verticale de l’Enfer au Paradis – habille le mur principal de l’atrium, accentuant la mise en abîme de cet ‘trou central’. A la fois tiré vers le haut et écrasé par l’immense installation cosmique qui s’invite sur toute la hauteur de l’édifice, on découvre cet Observatoire (Observatory), une installation signée Marcel Wanders, traduction spatiale de son ‘Septième Ciel’. Oscillant entre pièce architecturale, œuvre d’art et composition design, l’Observatoire s’appréhende comme un ensemble déstructuré de sphères et cercles lumineux qui s’invitent pêle-mêle dans le vide.
Agencé avec soin autour de cet Observatoire central, les espaces publics se piquent d’un bar et lounge, d’un restaurant doublé d’une cuisine ouverte.
Enfant du pays, Marcel Wanders a cherché ici à mêler les sources d’inspiration, tour à tour reflet du patrimoine culturelle d’Amsterdam – de l’Age d’Or néerlandais au bleu de Delft de sa poterie, des tulipes à la couleur orange – de l’ambiance créative du quartier et de l’univers bibliophile indissociable de l’histoire des murs de l’hôtel. Un pari réussi qui se prolonge jusque dans les chambres où un lavabo « One Minute Delft Blue » peint à la main – signé par Marcel Wanders – qui se colore de bleu, comme son nom l’indique répond à des compositions graphiques insolites sur les murs, comme pour cette cuillère mue en poisson, et inversement.
Traduction spatio-temporelle d’une Amsterdam historique au présent, l’hôtel Andaz Amsterdam Prinsengracht décline les références avec brio, jusque dans la carte des cocktails ‘Maison’ qui, inspirés des trois temps de la prohibition – pre-Prohibition, Prohibition & post-Prohibition –portent des noms utopiques, comme « One Minute Delft Blue » et « Lucky Librarian ».
Une histoire hôtelière à vivre.