L’Exception Française – 22 janvier 2016
Le Monde de la Filature ARPIN
Arpin, l’esprit de la montagne.
Tous les amateurs de montagne, de Savoie et de belles matières connaissent cette maison au savoir-faire unique. Celui de transformer la laine en Drap de Bonneval, un tissu qui séduit tout de suite les amateurs de sports alpins qui souhaitent conjuguer confort et praticité.
L’étoffe des héros
Au début du XIXe siècle, la montagne s’ouvre au tourisme, du moins pour quelques sportifs de haut niveau, amateurs de sensations nouvelles. Avant même la construction du tout premier refuge, en 1853, Alexis et Jean-Baptiste Arpin ouvrent leur premier atelier de filature en 1817, aux portes de Bourg Saint-Maurice, alors que la Savoie n’est pas encore française. Les textiles qui y sont produits servent à confectionner des tenues de montagne chaudes, originales, inusables et surtout imperméables. Le Drap de Bonneval est né. S’il est réputé pour avoir servi à confectionner les tentes du futur roi de Sardaigne lors de son passage du col du Petit Saint-Bernard, il est désormais aussi utilisé pour réaliser les knickers Arpin, vite adoptés par les guides de haute montagne du monde entier. Aventuriers et sportifs de haut niveau s’arrachent cette toile qui équipe les premières expéditions pour l’Himalaya et celles de Paul-Emile Victor. Un succès qui ne s’est jamais démenti depuis : en 1992, Arpin a ainsi confectionné les plaids et gilets du Comité international olympique des Jeux d’Albertville.*
La beauté du geste
Installé à Séez Saint-Bernard depuis l’origine, l’atelier de production Arpin ne travaille qu’avec les plus belles matières. Une sélection attentive qui commence avec le choix des toisons (issues de montons d’alpage élevés en plein air dans les quatre vallées environnantes) qui permettent de travailler une laine répondant aux exigences de la maison. Sélection, tri à la main, lavage, teinture, cardage, filature, tissage, dégraissage de la laine… autant de gestes méticuleux réalisés par des hommes qui se transmettent ce savoir-faire unique depuis près de deux siècles. Un savoir-faire ancestral grâce à certaines machines inventoriées au Patrimoine national, mais qui n’exclue pas pour autant la modernité, à condition qu’elle apporte de réelles améliorations qualitatives. Reste le temps, incompressible ; il peut s’écouler plusieurs mois entre la réception de la laine brute et sa sublimation en produit fini. Seule compte la perfection du résultat. La fabrication du Drap de Bonneval, produit emblématique et exclusif de la filature Arpin, nécessite par exemple pas moins de vingt-quatre étapes.
Dedans, dehors
A côté de la fabrique, la boutique historique d’Arpin propose l’ensemble de la gamme de la maison, déclinée en prêt-à-porter et en textiles pour la maison, sans oublier une gamme sur-mesure. Avec six qualités de laine différentes, Arpin propose une large gamme de tissus aux coloris chaleureux qui se fondent dans tous les styles d’intérieurs et séduisent nombre de décorateurs internationaux aussi bien pour des demeures privées que des hôtels de luxe. Côté vestiaire, Arpin puise dans son héritage pour concevoir ses collections de vêtements, dont la réalisation est confiée à des artisans-façonniers français. Pas question de se laisser entraîner par les sirènes de la mode ; la fonction, l’usage, la durabilité, l’élégance évidente sont les mots d’ordre dans la conception des collections aux lignes structurées, sans détail superflu. Et si celui-ci existe, c’est qu’il a une raison d’être à l’instar de ce fil rouge, clin d’œil à la couleur fétiche de la marque et de la Savoie, qui vient souligner les ponctuations fonctionnelles, comme un point d’arrêt sur une poche.