Le rapport confidentiel des écrivains envers le décor qui les entourent se justifie par le temps qu’ils y passent à écrire. À rêver, à imaginer. Ce n’est pas non plus anodin s’ils s’inspirent du mobilier à la mode pour personnifier leur intérieur et que celui-ci figure dans les pages de leurs romans.
L’étoffe, textile décoratif omniprésent dans les intérieurs du XIXème siècle, a eu son importance à cette époque où le confort et l’apparence deviennent une priorité.
Honoré de Balzac, Victor Hugo, George Sand, Émile Zola ou encore Guy de Maupassant, ces grands noms du réalisme et plus tard Jean Cocteau, se sont approprié l’étoffe sous toutes ses formes. Tissés, imprimés ou brodés, destinés à couvrir une tenture murale ou à orner des rideaux, une literie ou un tapis, ces textiles décoratifs enveloppent parfois l’espace du sol au plafond. Au-delà du plaisir esthétique que procure ce choix décoratif, certains écrivains comme Hugo ou Goncourt lui confèrent une dimension symbolique et même sociale, professionnelle ou économique.
Dans Bel-Ami ou Au Bonheur des Dames, la plume de leurs auteurs s’imprègne de ces descriptions d’intérieurs et tissus d’ameublement. En y campant des personnages, où se joignent des précisions olfactives, c’est non moins une époque entière qu’ils convoquent.
À la Maison de Chateaubriand – noble demeure de l’écrivain éponyme – l’exposition défile comme les pages d’un livre où le toucher embrasse la diversité des étoffes : percale, sergé, moire, brocatelle et tant d’autres. Ces termes, nébuleux de prime abord, libèrent leurs secrets au fil des pages qui se tournent.
Les étoffes de la Maison Pierre Frey, et pas n’importe lesquelles : des tentures rééditées à partir d’archives textiles, subliment notamment la chambre de Chateaubriand et celle de Juliette Récamier. Le parcours suit une trame bien précise : les textiles chez les écrivains dans un premier lieu offrent une immersion dans l’univers intime d’écrivains réalistes et leurs goûts, leurs choix sont illustrés et détaillés, documents rares à l’appui. Les textiles dans la littérature constituent la deuxième étape de ce voyage dans le temps et enfin, l’exposition offre un éclairage sur la richesse du répertoire de Chateaubriand, maitre de maison.
Exposition ÉTOFFES ET LITTÉRATURE
Maison de Chateaubriand – 92290 Châtenay-Malabry