La sensibilité et l’émotion, seul moteur du choix
Au Musée de l’Immigration, au fond de la salle Repères présentant la collection permanente à travers un émouvant parcours relatant l’histoire de l’immigration en France, un paravent blanc dissimule l’accès à l’exposition. Un recoin lumineux, comme un espoir. Première salle : à gauche, le thème de la jeunesse, à droite celui de la mort. Ca commence fort ! D’une suite de photographies, la jeunesse apparaît comme une posture : chercher, douter… les affres de l’adolescence. Première œuvre exposée, symbolique en tous sens : le nageur (Whirlwind) de Ryan McGinley, un jeune photographe américain, déjà star, un skateur tout droit sorti de Kids le film de Larry Clark, exposé pour la première fois en France en solo show à la galerie du Jour (la galerie d’Agnès b) en 2006, et qui résume la démarche de la collectionneuse : ignorer les frontières et les tendances du marché, s’en remettre à son instinct, à son émotion face à l’œuvre, même lorsqu’il s’agit d’un jeune artiste. La sensibilité et l’émotion, seul moteur du choix. En matière d’art, il faut se sentir libre. Car l’art est cet espace de liberté inaliénable présent au cœur de chacun, l’espace dans lequel la créatrice s’est peut-être exprimé de la manière la plus intime tout au long de sa carrière, en soutenant des artistes, entretenant une relation d’amitié avec nombre d’entre eux ayant retenu son regard. Le thème de la jeunesse se termine par un néon de Claude Lévêque qui écrit d’une main tremblante et avec une ligne un peu tombante : « le réveil de la jeunesse empoisonnée ».